EN MARAUDE par SHAOLIN
("ONZE MARS")

   

Posté sur le bord de l'A11, je me tiens prêt pour le ramassage
Brouillard et verglas se partagent les parrages, un camion en dérappage
La caisse de devant voit l'attelage de taule se rapprocher ... BAM !!!
Trois cadavres seront du voyage dont au passage deux de bas âge
Je fais mes bagages, fuis ce carnage, on m'attend
A trois cents bornes d'ici pour un radical règlement de compte familial
Une jeune femme braque son arme sur ses parents
"Mais comment t'as pu le laisser m'faire ça maman ?!!"
Puis fixe son géniteur d'un regard embué
Son index se crispe ... PLAOW !! ... déflagration suivi d'un rancunier "Meurs enculé !!"
J'esquisse un signe et l'père indigne, honteux, mort
Me rejoint, abandonnant son vieux corps
J'viendrais chercher la mère qui suicidera d'ici six mois
Pour apaiser son remord
Chevauchant Eole, j'gagne une cour d'école
Deux gosses impatients en matent un autre se livrant à leur malsain passe-temps
Ainsi chacun, tour à tour décolle
Loin des couloirs, de l'étouffoir, par ce défouloir : le jeu du foulard
Le visage écarlate, cette fois ils ne l'ramèneront pas
Pour sa famille débute dès lors un amer combat
Non loin de là une ado, apparemment mal dans sa peau lacère son bras
Je crois que je la reverrai bientôt, je n'l'interromps pas
Vite j'dois me hâter vers un quartier délabré
Deux gamins ont dérappé, puis dévalé l'escalier
Vingt deux étages plus bas sur le trottoir
Un flic a sombré heurté par un caddy plombé tombé du ciel, il est trop tard
Son coeur bat la chamade, bpm en escalade
Puis plus rien .......assourdissant silence sur l'esplanade
Coup d'oeil au fichier puis d'office j'emporte l'officier de police
Et me rend au moment propice à l'hospice notifié
Une femme effondrée pleure de rage
Pas assez prompte pour un dernier mot à sa mère partie dans la fleur de l'âge
Cette dernière rejoint, comme il convient, le convoi
Contemplant sa fille qui vacille consciente d'être sa seule famille
Le temps presse trop pour rester donc presto
Cap à l'est pour le destin funeste de cet homme pour qui le rideau se baisse tôt
Son corps....pénitenciaire abdique
Dans ses cellules résidant, fier
Le virus d'élite en guerre détruit d'entières fonctions vitales
Le malade capitule dans son lit d'hôpital et fuit l'enfer
De son enveloppe, de vie si vide, émaciée, rigide
Jaillit en condamné gracié son spectre livide
Je l'accueille puis l'emmène au stade
Où m'attend, déjà absent, le dernier partant de ma quotidienne promenade
Affalé au centre du terrain
Devant une foule affamée on réclame les médecins .... mais rien
Puis si, les voici sentant ses palpitations
L'emportant, plus qu'inquiets, tentant la réanimation
Patient, je laisse faire ces experts
Qui depuis trois quart d'heure espèrent par leur ardeur de son coma l'extraire
...Las ils baissent les bras devant l'étendue des dégats
Lui se dégage, s'inspecte, surpris de se voir étendu dans cet état
Puis se rend à l'évidence et rentre dans les rangs
Suit le mouvement naissant vers sa nouvelle demeure l'entrainant
Ainsi s'achève ma brève ronde hâtive
Je passe le relais à la relève qui arrive et aussitôt s'active
Mon chargement s'impatiente, pressé de parader au paradis
Les pauvres ...ne leur a t'on pas appris
Que lorsque cette promesse qu'ils y monteraient tous une fois décédé
Leur fut faite, elle ne fut pas précédée par "jacques a dit"...Ah ! Ah ! Ah !
S'ils savaient ...

 

   


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